à propos des pensions
Dernière mise à jour : 30 sept. 2021

Les pensions ! vaste sujet qui, aujourd'hui, fait couler beaucoup d'encre. Il faut dire que nos gouvernements n'aiment pas beaucoup les retraités. Si la pandémie Covid-19 les contraints à occuper un lit d’hôpital, ils seront soignés à condition que des personnes prioritaires ne se présentent pas aux urgences. Et les prioritaires sont laissées à l'appréciation du personnel hospitalier.
En revanche, une réforme des pensions est en cours. Le bémol, c'est le gouvernement ne compte pas inviter les premiers concernés à la table des négociations.
Il est déjà acquis qu'en 2030., l'âge légal de la pension sera porté pour tout le monde à 67 ans. Pour les uns, c'est trop loin, pour les autres, c'est trop tard. Bref, plutôt que de s'engager à combattre de mauvais systèmes, les belges acceptent comme une fatalité le message que les élus font passer: "le système de retraite actuel est inabordable et travailler plus longtemps est la seule solution".
Depuis Bismarck et Lord Beveridge, les pensions sont sensées être constituées des cotisations partagées entre les salariés et le patronat. Alors de deux choses l'une: ou bien les cotisations sont insuffisantes, ou bien le montant des cotisations est affecté à d'autres secteurs que les pensions.
Quelles qu'en soient les raisons, on observe que dans un nombre élevé de cas, les retraites avoisinent le seuil de pauvreté, et parfois sont inférieures. Actuellement le seuil de pauvreté est de 1187€/mois alors que la pension minimale est de 1249 € pour un isolé.
Malgré cela, le risque de paupérisation des Seniors est inférieur à celui qu'encourt les Juniors, A l'heure où j'écris ces lignes, un jeune sur quatre, dans la tranche d'âge 18-24, est sur le point de basculer dans la pauvreté. C'est LA raison pour laquelle il est impératif de se serrer les coudes et d'être solidaires dans un même combat,pour la VIE. Une solidarité intergénérationnelle me parait donc cruciale.
Le fait que le montant de la pension dépende de la durée de carrière, de sa cohérence et du secteur d'activité qu'on a choisi provoque une injustice de traitement entre les salariés, les fonctionnaires, les indépendants mais aussi les femmes. Au fil des années l'Etat Social Actif détricote la solidarité.
On sait depuis la fin des Golden Sixties que les avancées en matière de soin de santé permettront aux gens de vivre plus longtemps. On savait déjà que les naissances seraient inférieures aux décès et que la survie du système était menacé. Comment payer les pensions d'un nombre de plus en plus important si ceux qui les payent sont de moins en moins nombreux ?
Pourtant,, dans les années '80, nos élus ont instauré les prépensions de telle sorte que les salariés puissent quitter le travail dès 55 ans. Comme si ce n'était pas suffisant, on a instauré des systèmes de chômage généreux pour les personnes âgées qui ne pouvaient bénéficier de ce système.
C'est normal que les gens soient à la retraite plus longtemps puisqu'ils vivent plus longtemps, mais, en même temps, on les a encouragé à quitter le travail plus tôt. Moralité: le système de retraites actuel devient impayable. Nos élus n'ont jamais été forts en calcul à long terme, du moins le terme qui dépasse leur réélection.
En 2007, le coût des retraites représentait 10% du PIB. En 2060, selon la Commission Européenne, , il devrait représenter 15%. Comme aujourd'hui on doit trouver des solutions contre le réchauffement climatique, l'immigration massive, et les conséquences économique, sociale et environnementales du COVID 19, certains secteurs comme les pensions ne sont plus prioritaires en matière de financement. En relevant l'âge légal de la pension, l'état fait d'une pierre deux coups: les salariés paient leurs cotisations pendant une période plus longue et l'état verse les pensions pendant une période plus courte. C'est le fil conducteur de toutes les réformes de retraites en Europe, et, si l'on écoute nos dirigeants il n'y a aucune autre alternative.
L''erreur des prépensions devrait être corrigée, mais comment faire ? La Belgique est un des pays les plus taxés du monde industrialisé, ce qui réduit fortement la marge de manœuvre.
Nous payons l'erreur monumentale que nous avons commise et que nous continuons dans l’insouciance à commettre en abandonnant tous les cinq ans notre souveraineté à des élus qui ne nous représentent pas. Nous pensons à tort que notre investissement personnel dans la durée est un prix trop lourd à payer pour ce que nous pouvons en retirer personnellement et immédiatement. Le résultat se révèle à nous aujourd'hui.
Le cas grec est un cas d'école; Avant la crise économique de 2008 les pensions grecques pesaient 12,5% du PIB. Les réformes rendues nécessaire par les créanciers de la Grèce (FMI, BCE) réduisent progressivement les pensions pour ne plus peser que 2,5% du PIB. En 2012, les pensions grecques furent amputées de plus de 15 %. Autant dire que çà fait mal. Voilà ce qui nous attend si nous ne réagissons pas personnellement.
Au Pays-Bas, dès 2012, la retraite fut couplée avec l'espérance de vie: Quand l'espérance de vie augmente d'une année, l'âge de la retraite augmente de huit mois Cette méthode ne pourrait-elle pas faire partie de la solution?
Mais la solution peut venir d'ailleurs.: depuis 1980, les profits enregistrés par les multinationales ont plus que triplé. Dans le même temps, le taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés est passé en moyenne mondiale de plus de 40 % à moins de 25 %. À ce rythme, la moyenne mondiale de l’impôt sur les sociétés atteindra 0 % en 2052. Et cela sans compter la fraude fiscale dont elles ont le secret qui est un nombre à 11 ou 12 chiffres.
Il me semble que faire payer d'une part les multinationales qui détruisent nos PME, et d'autre part l'industrie financière qui fabrique de l'argent ex-nihilo (voir mon syllabus Les faux-monnayeurs qui dirigent la Belgique et le Monde") aurait l'agrément de la plupart des citoyens européens.
Paul THUNISSEN